Arusha
La Tanzanie étant un pays quelque peu hors budget pour notre voyage nous avons cherché un moyen de découvrir la culture du pays tout en faisant des économies. Le volontariat nous est apparu comme la solution idéale : nous allions nous rendre utile en échange du gite et du couvert, tout en rencontrant de nombreuses personnes et en vivant à la Tanzanienne. Pour cette première expérience de volontariat nous avons choisi une ONG locale : Children Comunity Support, basée dans la ville d’Arusha.
Arusha est une ville du Nord de la Tanzanie, elle compte environs 500 000 habitants et est la ville de départ de nombreux Safaris et des treks pour l’ascension du Kilimandjaro et du Mont Méru. Ce dernier est d’ailleurs visible depuis la ville les jours de beaux temps. Nous n’avons fait aucune de ces ascensions bien trop chères pour notre petit budget de globetrotter. La ville est accessible en avion depuis plusieurs villes Tanzaniennes, en train depuis le Kenya et certaines villes du pays et enfin en bus depuis la capitale : Dar Es Salaam. C’est l’option que nous avons choisie : nous sommes passés par la compagnie Kilimandjaro express, le voyage dure 12h dans un bus très confortable et vous coûtera 36 000 Shilling par personne soit 13,70€.
| DES PREMIERS JOURS MITIGES
Les surprises se sont enchaînées les deux premiers jours de volontariat au point que nous avons franchement hésité à passer notre chemin. La première déconvenue a eu lieu dès notre arrivée avec des conditions de vies auxquelles ne nous attendions pas. D’abord le quartier dans lequel nous allions vivre et travaillé : Bandam Bili. Il s’agit d’un quartier plutôt populaire avec les routes en terres et des caniveaux-égouts, de la taille d’une petite rivière, sur un des cotés. Les maisons sont très hétérogènes, cela va du très gros pavillon aux aires luxueuses à la petite case en bois et en torchis. Nous arrivons de nuit, il n’y a bien sûr pas d’éclairage public et nous n’avons pas d’à priori sur ce quartier jusqu’à ce que la personne de l’association nous accompagnant nous apprenne que nous n’avions pas le droit de sortir seul après 19h car le quartier n’est pas sûr et ce d’autant plus à l’approche des fêtes … Le directeur de l’organisation s’étant fait agresser au couteau 3 semaines avant.
Cette première information peu rassurante digérée nous sommes impatients de découvrir la « maison des volontaires » et tous nos futurs collègues. Mais là une nouvelle surprise nous attend : la maison avec tous les volontaires réunis et une pièce commune à laquelle nous nous attendions n’existe pas. En réalité nous avons une chambre donnant sur une cour commune à 5 autres chambres, les toilettes (turc avec quelques cafards la nuit) et la douche (un espace où se laver avec ton sceau d’eau) donnent également sur cet espace extérieur.
Seule une autre des 5 chambres est occupée par des volontaires, les autres sont disséminés dans la ville dans des habitations semblables. Nous nous couchons plein d’espoir pour le lendemain …
Après avoir rencontré les autres volontaires, très sympas, une nouvelle surprise nous attend : nous pensions venir travailler dans un orphelinat mais en réalité il s’agit d’une école, l’annonce sur le site n’était plus à jour. L’idée est donc d’être professeur pour des enfants de 3 à 7 ans le matin et de donner des cours à des adultes et ados l’après midi si nous le souhaitons. L’organisation a aussi un projet dans un village Massai afin de les aider à se développer. Ce changement de programme ne nous pose pas plus de problèmes que ça, si ce n’est que nous ne sommes pas sûrs d’être capable de donner des cours à de jeunes enfants ne parlant pas anglais.
Dernière surprise et non des moindres il nous faut un visa business pour pouvoir être volontaire ! Prix du dit visa : 150 $ par personne, à débourser en plus des 50$ déjà réglés à l’aéroport pour le visa touriste. Cette nouvelle a vraiment été la moins bonne, car elle entamait considérablement notre budget déjà bien mis à mal avec le safari.
Après s’être débarrassé des cafards de notre chambre et avoir passé deux journées sur place : une avec les volontaires et une à l’école, nous avons décidé de rester et de faire nos trois semaines de volontariat. L’idée de départ était de rester une semaine à l’école (où nous n’avions pas l’impression d’être très utiles) et de partir ensuite une dizaine de jours chez les Massaïs.
| NOTRE QUOTIDIEN PENDANT CES TROIS SEMAINES
Bien que nous ne devions travailler pour l’association que 4 à 5 h par jour, nous avons finalement passé la majeure partie de nos journées dans l’établissement scolaire. Nous nous y rendions le matin vers 8h après avoir pris le petit déjeuné avec les autres volontaires. Sur le chemin de l’école nous retrouvions souvent trois ou quatre enfants qui s’empressaient de venir nous donner la main en criant “teacher !” avec un grand sourire.
Une fois dans l’école le marathon de câlins commence, il y a une centaine d’élèves et chacun veut pouvoir toucher un morceau de doigts, de cheveux ou venir dans vos bras. Vers 8h30 c’est “class time” : les enfants forment trois lignes et récitent les quelques mots d’anglais qu’ils ont appris par cœur, ensuite ils se répartissent dans les trois classes : les petits, les moyens et les grands.
Ils sont plus de 30 élèves dans de très petites classes et ont à peine la place d’écrire sans donner un coup de coude à leur voisin, ce qui, à coup sûr déclenchera une dispute. Je suis dans la classe des moyens et Jan est avec les grands. Normalement il y a une maîtresse par classe et nous devons uniquement l’aider en corrigeant les devoirs et en écrivant les exercices dans les cahiers. En réalité les institutrices, qui ne sont pas bénévoles, ne sont pas très investies et il n’est pas rare qu’elles sortent téléphoner 15 minutes ou qu’elles fassent faire la sieste aux enfants lorsqu’elles en on marre. Pour la classe des moyens c’est encore mieux : il n’y a carrément pas de maîtresse ! Nous sommes donc deux volontaires et un assistant Tanzanien (qui ne t’aidera que si tu lui demandes) pour faire les cours. A midi l’école est finie, nous rentrons dans notre chambre encore une fois accompagnés par les enfants.
Après une petite heure de repos nous allons retrouver les autres volontaires chez le directeur de l’ONG pour déjeuner. Au menu du midi du Ugali avec des légumes : plat typique et peu cher, à base de farine de manioc, mais pas très bon. A 14h nous repartons à l’école : pour moi c’est cours de français pendant deux heures avec une ou deux élèves selon les jours pendant que Jan donne des cours d’Anglais. Ensuite, c’est activités avec les ados tous ensemble.
Lorsque nous rentrons à la maison vers 18h nous sommes bien fatigués, il est temps de boire un coup avec les autres volontaires ou juste de se reposer en attendant 19h30, 20h et le repas du soir que nous prenons tous ensemble en compagnie du directeur et de sa famille. Pour le dîner c’est souvent du riz et des haricots mais les volontaires cuisinent de temps en temps pour changer de la routine, inutile de dire que Jan s’est fait plaisir ! Selon les soirs nous allions nous reposer ou nous continuions la soirée dans un bar après le repas.
Le weekend nous en profitions pour explorer les alentours d’Arusha avec les autres volontaires, notamment les hot springs près de Moshi et la cascade du Mont Méru. Ces deux jours de pause étaient aussi l’occasion d’aller dans le centre d’Arusha pour faire les marchés, acheter du tissu et se faire faire des vêtements sur mesure chez le couturier, préparer des petits cadeaux pour noël et surtout : laver les vêtements, véritable activité du weekend. Le dimanche notre cours se transformait en laverie, sauf qu’ici point de machine mais des femmes assisent par terre lavant les vêtements dans des bassines.
Et je peux vous dire que faire une machine à Arusha c’est toute une organisation. Pour commencer il faut aller au puits chercher de l’eau, ensuite trouver des bassines, puis laver les vêtements, après quoi il faut les rincer en essayant d’économiser l’eau pour ne pas devoir retourner au puits. Après avoir tout essoré la dernière mission consiste à trouver de la place sur les fils tendus dans la cour. Après une bonne heure et demi (voir deux heures) la mission est accomplie.
La première semaine est vite passée et nous avons décidé de ne pas aller au village Massai. Nous nous sentions finalement utiles à l’école, bien qu’il y ai un énorme manque d’organisation. Je ne sais pas si nous avons appris beaucoup de choses aux enfants, mais nous avons essayé d’améliorer quelque peut leur quotidien, avec l’aide des autres volontaires, en leur organisant une sortie “cinéma” pour voir le Roi Lion et en fabriquant des portes manteaux avec le nom et la photo de chaque enfant pour qu’ils aient un endroit où accrocher leur sac (qu’ils gardaient sur le dos ou balançaient dans la classe).
Au bout d’une semaine nous connaissions bien les commerçants du quartier, surtout les personnes préparant à manger : les chapatis et mandazis pour le matin et les chips mayaye à toute heure de la journée pour Jan.
Nous étions devenus amis avec notre voisine, Agnes et son petit Nelson et nous avions appris quelques rudiments de Swahili. En prime Jan avait trouvé un club de volley dans lequel il pouvait participer aux entraînements. Nous avons donc continué notre petite routine pendant les deux semaines suivantes en profitant au maximum de cette expérience.
| CE QUE L’ON RETIENT
Le bilan de cette expérience est plus que positif !
Tout d’abord les rencontres : nous avons rencontrés des personnes géniales aussi bien chez les volontaires que dans nos élèves ou nos voisins. Dire au revoir à tout le monde ne nous a d’ailleurs pas laissé indifférents.
Ensuite une prise de conscience : bien que nous nous sachions privilégiés avant notre départ de France et que nos rencontres depuis le début de notre voyage nous aient confirmé la qualité de vie que l’on pouvait avoir chez nous, cette expérience nous a encore une fois fait relativiser sur notre style de vie, notre façon de consommer et aussi et surtout sur la chance que nous avons d’avoir été à l’école dans de bonnes conditions dès notre plus jeune âge.
Enfin une volonté : celle de recommencer à faire du volontariat ailleurs dans le monde. Se sentir utile et ne pas être vu que comme un touriste par le reste de la population a rendu ce séjour unique et nous sommes finalement partis presque à regret. Nous avons créé des liens auxquels nous ne nous attendions pas et avons appris plus que nous pouvions l’espérer.
Seul point négatif : Nous avons explosé le budget (qui était bien trop bas) entre les visas, le safari et toutes les dépenses quotidiennes …
Vous êtes au top les loulous ! Ca donne envie de partir aussi ces petites bouilles ^^
Je retiens une chose en particulier…. les cafards. Comment ça s’est passé avec eux ? Tu commences à ressentir un peu moins de dégout pour eux ? =)
ah oui, les enfants sont adorables mais les cafards beaucoup moins… Ils me dégoutent toujours autant et les tuer est très difficil car ils sont énormes ! Mais bon on s’adapte comme on peut 🙂
Trop bien votre blog…on vous embrasse bien fort et bonne continuation solange patrice